“Ça ne peut pas être plus blasphématoire que ça.”

C'est Nergal, le cerveau derrière BEHEMOTH, qui parle du titre du onzième et dernier album du groupe, »I Loved You At Your Darkest«. Bien que cela semble certainement un titre improbable pour un groupe de black metal - surtout un groupe qui a appelé son dernier album »The Satanist« - son origine pourrait vous surprendre encore plus que les mots eux-mêmes. “C'est un verset de la Bible,” révèle Nergal. “C'est en fait une citation de Jésus-Christ lui-même. Pour que BEHEMOTH l'utilise comme base de notre album, c'est du sacrilège à l'extrême.”

Évidemment, BEHEMOTH n'est pas étranger au blasphème. Au cours des 27 dernières années, ils ont repoussé les limites du black metal et de l'hérésie. Alors que le sentiment anti-chrétien pourrait sembler comme du pain rassis pour la plupart des groupes de metal, pour BEHEMOTH, de telles idées représentent une menace très réelle pour leur liberté physique. À maintes reprises, le gouvernement de leur Pologne natale les a accusés de divers “crimes” tels que déchirer une bible sur scène en 2007 et utiliser les armoiries polonaises sur un t-shirt Behemoth en 2017.

“Évidemment, des trucs comme ça peuvent vous énerver. Mais je pense que c'est bon d'être énervé,” dit Nergal en riant. “La colère peut être une force motrice massive, surtout lorsque vous faites de la musique extrême. Mais politiquement et socialement, la Pologne est un pays très disparate. On ne peut jamais se sentir totalement en sécurité ici. Cela rend plus facile pour moi de trouver de l'inspiration. Si je vivais en Hollande ou en Australie, je ne pense pas que je ferais ce que je fais maintenant. Vous pouvez faire ou être ce que vous voulez là-bas. Je suis un grand fan de ce genre de liberté, mais je ne l'ai pas vraiment ici. Lutter contre cela au quotidien fait de moi ce que je suis, et alimente ma passion pour cette musique.”

Nergal et ses camarades de groupe - Orion (basse) et Inferno (batterie) - ont canalisé cette passion dans »I Loved You At Your Darkest«. Un salve écrasante de majesté black metal, rempli de riffs infernaux, de tambourinements de batterie tonitruants et de chœurs liturgiques aériens rappelant le cinéma d'horreur classique, l'album est également orné de solos de guitare rock agiles sur des chansons comme “God=Dog”, “Ecclesia Diabolica Catholica” et “Sabbath Mater.” “Je voulais vraiment nous redéfinir avec cet album”, explique Nergal. “»I Loved You At Your Darkest« est un disque plus dynamique. Il est extrême et radical d'une part, mais il est aussi plus orienté rock que tout autre album de BEHEMOTH.”

Nergal ne voit pas l'influence rock accrue comme une décision créative consciente autant qu'un intérêt renouvelé pour les origines historiques de la musique qu'il fait. “Nous ne considérons pas la direction musicale, nous créons simplement ce qui nous vient naturellement,” dit-il. “Mais il y a 15 ans, si vous m'aviez demandé qui je pensais être le meilleur groupe sur la planète, j'aurais probablement dit MAYHEM ou MORBID ANGEL. Aujourd'hui, si vous me le demandiez, je dirais AC/DC. Cela devrait vous donner une indication claire de pourquoi cet album est plus orienté rock. Tout dépend de l'écriture des chansons.”

Lyriquement, »I Loved You At Your Darkest« se réjouit du genre de provocation religieuse que BEHEMOTH fait le mieux. “C'est très axé sur la religion, peut-être plus que tout ce que nous avons fait auparavant,” offre Nergal. “Mais ce n'est pas seulement une provocation bon marché. Je crois que c'est un langage métallique plus profond. C'est de l'art.”

Contrairement à »The Satanist«, qui a été principalement enregistré dans un seul studio, »I Loved You At Your Darkest« a vu sa production étendue à travers la Pologne et les États-Unis. Il a été produit par les membres du groupe eux-mêmes, avec une co-production de batterie par Daniel Bergstrand (MESHUGGAH, IN FLAMES), un mixage par Matt Hyde (SLAYER, CHILDREN OF BODOM) et un mastering par Tom Baker (NINE INCH NAILS, MARILYN MANSON). Sans parler de l'orchestre polonais de 17 musiciens arrangé par Jan Stoklosa et ingénieuré par Tomasz Budkiewicz. Ou comme le résume Nergal : “Pratiquement chaque instrument a été enregistré dans un studio différent, et beaucoup de gens incroyables ont été impliqués.”

Tous ces éléments se sont réunis pour aider à réaliser le disque le plus excitant de BEHEMOTH à ce jour. “Bien que notre origine soit le black metal, Behemoth est quelque chose de plus grand,” ose Nergal. “Nous connaissons notre héritage - mais, avec cet album, nous cherchons à avancer vers des sommets plus élevés !”