Des spectres rôdent dans l’ombre depuis des années. Des yeux sombres observant depuis des visages blafards. Des chants de sirène appelant les âmes perdues. Dans les recoins les plus sombres de la scène underground britannique, un nom se chuchotait inlassablement parmi les fidèles, d'abord avec curiosité, puis avec un effroi qui fait frémir l'âme : Zetra.
Zetra est aussi le titre de leur frappant premier album. Dix titres dont la fusion indéfinissable de shoegaze scintillant et de goth-metal pulsant agit en profondeur sous la peau ; c’est une leçon magistrale de romantisme noir intime et de beauté élémentaire majestueuse. On pourrait le voir comme une réaction à la géographie d’un monde nouveau et étrange, mais aussi à la topographie escarpée de la psyché humaine elle-même. Est-ce un manifeste ? Une feuille de route ? Une énigme à résoudre ? Un profond plaisir réside dans le fait de dévoiler ses nombreuses couches.
Voyageant seuls, armés uniquement de synthés, de guitare et de boîte à rythmes pour composer, la musique de The Wanderers pourrait sembler minimaliste. Cependant, ses premières structures métalliques ont été enrichies par le new wave électronique de Gary Numan et des Pet Shop Boys et des guitares hypnotiques et rêveuses qui évoquent des héros comme Slowdive et Sonic Youth, ainsi que des contemporains sombres comme Deafheaven et Alcest. Aussi dures que puissent être les vérités qu'ils abordent, ces chansons déploient une brillance envoûtante.
Trouver des adeptes pour répandre la parole de Zetra n'est pas difficile. Des 'contemporains' britanniques comme Burner et Wallowing, Celestial Sanctuary et Employed To Serve chantent leurs louanges avec ferveur depuis longtemps. Des tournées avec des poids lourds tels que Creeper et Godflesh, VV et SKYND ont porté leurs sons autrefois souterrains sous les projecteurs. Gabriel Franco de Unto Others (‘Moonfall’), Serena Cherry de Svalbard (‘Starfall’) et Sólveig Matthildur Kristjánsdóttir du groupe islandais Kælan Mikla (‘Shatter the Mountain’) apparaissent même dans ces enregistrements, se dissolvant dans le culte de Zetra lui-même. Mais aucun n'est aussi important que les légions de fans que Zetra doit encore toucher avec un sombre évangile qui continue de défaire toutes sortes de nœuds psychologiques et de vérités existentielles.
